
L'objectif des arts martiaux est d'apprendre à faire face à l'adversité et développer l'esprit de décision.
Faire face, c'est savoir analyser calmement la situation, mettre dans la balance ce qui a de la valeur et qui mérite qu'on se batte et ce qui n'est qu'une perte d'énergie inutile. L'esprit de décision, c'est éviter la tergiversation et mettre alors toutes ses forces dans la bataille.
L'apprentissage des techniques de combat est un moyen de forger le corps (muscles, tendons, os) et l'esprit (volonté, goût de l'effort, attitude) dans le travail purement physique et dans la recherche de l'harmonie avec notre physiologie.
Les exercices avec partenaire conduisent à l'ouverture vers l'autre. Comme dans une danse, il faut prendre conscience de l'existence du partenaire, découvrir ses rythmes, pour composer avec lui et non plus s'opposer à lui. La réaction fait place à l'interaction.
Les arts martiaux ne prônent pas la violence. Ils ne doivent qu'être une réponse à une action agressive. Mais cela ne signifie pas qu'il faille subir la première gifle ! La seule initiative de l'agression déclenche la riposte ; c'est ce qui fait que, vus de l'extérieur, on pense souvent, à tort, qu'ils sont dans l'attaque.
Le combat est la finalité des arts martiaux, du moins dans leur pratique, car, dans leur philosophie, cela n'est qu'une façon de se trouver soi-même pour évoluer avec sérénité dans sa vie personnelle, professionnelle et dans la société.
Le Shorin Ryu d'Okinawa fonde ses principes sur la notion d'absorption, en étant campé sur des positions solides mais naturelles, conformes à notre physiologie, afin de répondre à l'attaque de façon graduée.
Le travail en dojo, quel que soit le niveau du pratiquant, s'amorce sur des exercices effectués en solo, et se poursuit à deux sous des formes conventionnées avant d'aborder le combat. Cet exercice est réalisé sans esprit de compétition, avec souplesse mais non sans un certain engagement physique : le contrôle aux points vitaux est de rigueur, mais il est bon "d'appuyer" un peu sur les zones non-sensibles pour parvenir à une vision plus réaliste de l'affrontement. Sans le cadre limitant de la joute sportive, le combat agit comme un révélateur de nos faiblesses, tant physiques que techniques et psychologiques, mais aussi de notre progression.
L'exercice du combat nous enseigne que la première bataille doit s'engager contre nous-même !
Le Kobudo d'Okinawa réside dans la pratique du combat avec des armes qui sont issues d'outils agraires qu'utilisaient les pêcheurs et paysans de l'archipel durant son occupation par le Japon. Ses fondements retrouvent les principes du Shorin Ryu et c'est ce qui en fait deux disciplines étroitement complémentaires.
Le maniement des armes comme un prolongement de soi-même accentue encore la conscience du corps dans l'espace. Et le fait qu'elles soient tantôt lourdes, tantôt longues, tantôt tranchantes permet d'aborder plusieurs points de vue et d'accorder sa préférence à celle qui correspond le mieux à nos sensations et nos aptitudes. Quant au fait qu'il est difficile d'en avoir une sur soi pour se défendre dans la rue, c'est un faux problème. L'objectif du Kobudo n'est pas tant d'apprendre à se servir spécifiquement d'une rame ou d'un fléau que de procurer au corps la capacité d'utiliser efficacement n'importe quel objet se trouvant à portée de main...
Quels sont les bénéfices de la pratique du Shorin Ryu et du Kobudo ?
Les postures naturelles de ces disciplines d'Okinawa et leur travail d'énergie axé sur l'impulsion des hanches font du Shorin Ryu et du Kobudo des alliés précieux du maintien de la santé et de la forme physique. En effet, toutes les parties du corps sont sollicitées, sans résultat traumatisant.
Les propriétés sensorielles qu'elles portent à développer, tout autant que la coordination et le placement dans l'espace, en font une garantie de nos qualités neurologiques. Sans compter l'effort de mémoire qu'exige l'apprentissage de tous les exercices codifiés.
La pratique du Shorin ryu et du Kobudo peut être abordée quel que soit l'âge, car l'entraînement est progressif et adapté. Et son étude peut se poursuivre dans le très long terme : si la discipline attend du pratiquant qu'il travaille toujours au maximum de ses possibilités, chacun est conscient que celles-ci sont différentes à 20 et à 60 ans…